
Au QuĂ©bec, on a tous hĂąte au printemps, en particulier les propriĂ©taires de chevaux. Vivement la chaleur et la lumiĂšre! âïž
Mais il y a le passage obligé du changement des saisons, avec son méli-mélo de températures, la boue et la mue, qui ne sont pas toujours faciles à gérer.
AprĂšs le blanc de l'hiver, c'est le "brun" du printemps! đ
En effet, les terrains extĂ©rieurs sont fragiles et instables, ce qui fait que de nombreux chevaux seront confinĂ©s pendant cette pĂ©riode. Certains vont accumuler un surplus d'Ă©nergie, et le manque de mouvement peut entraĂźner un excĂšs de poids, voire mĂȘme des coliques. De mon expĂ©rience, on observe aussi une amplification des vices d'Ă©curie, par exemple, le tic Ă l'appui, le tic de l'ours ou encore l'agressivitĂ© Ă l'heure de repas.
Pendant la transition, l'énergie accumulée à cause de l'inactivité au boxe (ou le confinement dans un plus petit enclos) augmente le risque de blessures, en particulier lorsque la surface est glissante, inégale ou trop molle. Dans certains cas, les chevaux s'enfoncent dans la boue, ce qui représente un stress supplémentaire pour les tendons et les ligaments.
Aussi, le retour des conditions environnementales favorisantes (comme la chaleur, l'humidité et les insectes) peut entraßner certaines infections. C'est d'ailleurs un temps problématique pour les chevaux atteints de thrush ou de dermatite des pùturons...
Enfin, la photopériode active les hormones de reproduction et la mue: ces changements physiologiques, en plus de tous les changements dans l'environnement, peuvent causer de l'inconfort, du stress ou des comportements indésirables en raison de l'instinct (dominance, grattage, excitation, manque d'attention au travail, etc.).
Je vous présente donc quelques astuces pour rendre cette période plus facile et plus agréable, tant pour les humains que pour les chevaux.
MĂȘme si cela implique un certain investissement, votre argent sera rapidement rĂ©cupĂ©rĂ© (par la diminution des frais vĂ©tĂ©rinaires et du temps d'entretien des terrains), et votre qualitĂ© de vie sera augmentĂ©e. Pensez-y: plus besoin d'enfiler les bottes de caoutchouc, de traiter le entorses ou de gĂ©rer l'excĂšs d'Ă©nergie!
1- L'enclos « sacrifice » :
Il convient d'amĂ©nager un un enclos "quatre saisons", dans lequel les chevaux seront gardĂ©s (ou sortis quotidiennement) en attendant que les pĂąturages soient prĂȘts. Il s'agit d'un paddock oĂč l'on renoncera Ă l'herbe, en raison du piĂ©tinement, et oĂč les chevaux seront confinĂ©s temporairement pour prĂ©server le reste du terrain.
Il est important que cet espace soit suffisamment grand pour que les chevaux puissent se dĂ©gourdir - aussi que la pente de terrain permette lâĂ©coulement naturel de lâeau.
IdĂ©alement, si le terrain est argileux, on Ă©tendra une couche de sable pour augmenter la capacitĂ© drainante et rendre lâentretien plus facile. La surface sera ainsi moins «collante», sans compter que les chevaux aiment bien se coucher dans le sable!

2- Grilles de renforcement :
Aux endroits stratégiques (autour des mangeoires, abreuvoirs ou passages étroits comme les barriÚres), installer des grilles augmentera la portance et le drainage du sol.
Le coĂ»t peut paraĂźtre Ă©levĂ© au dĂ©part (le prix est comparable aux tapis d'Ă©curie en caoutchouc), mais les avantages Ă long terme sont inestimables. Fini, les chevaux qui s'enfoncent jusquâaux genoux, et les terrains impossibles Ă nettoyer!

Remarquez la diffĂ©rence sur la photo de droite: lĂ oĂč il y a des grilles, pas de boue!
3- Poteau de grattage :
Quelque part dans lâenclos, il est intĂ©ressant d'inclure un poteau pour permettre aux chevaux de se gratter, de se frotter et de gruger, car il s'agit de comportements naturels et instinctifs. Par contre, si le cheval n'a pas d'endroit appropriĂ© pour s'y adonner, il aura davantage tendance Ă utiliser les clĂŽtures ou les parois des bĂątiments Ă cet effet - ce qui est peu dĂ©sirable si on souhaite conserver l'intĂ©gritĂ© des installations!
Vous pouvez mĂȘme y poser un balai-brosse pour lâauto-pansage, les chevaux adorent!
En complément, je suggÚre de brosser réguliÚrement votre cheval à l'aide d'une étrille en métal ou avec la pierre ponce. Il appréciera certainement, et sera moins tenté de se rouler dans la boue!

(Voyez comme le poteau est trĂšs utilisĂ©... ça Ă©vite les heures de brossage đ)
4- Entretien quotidien :

Tous les jours, il vaut mieux retirer le fumier et le foin souillĂ© des enclos: le terrain dĂ©gĂšlera et sĂ©chera beaucoup plus vite, et vous diminuerez en grande partie les bactĂ©ries, champignons et les mouches (et par le fait mĂȘme le risque d'infections).
En plus, vous nâaurez plus besoin de retirer une couche de sol abimĂ© chaque annĂ©e, et de remplacer le "footing" pour le rendre propre et sĂ©curaitaire!
Enfin, voici un secret bien gardĂ©: le terres diatomĂ©es. Il suffit d'en saupoudrer un peu autour des portes, des fenĂȘtres, et dans les abris, pour diminuer la quantitĂ© d'insectes de façon naturelle et efficace!
5- Alimentation :

Il est recommandé de diminuer la ration de moulée si votre cheval bouge moins qu'à l'habitude, quitte à ajouter un supplément de vitamines et/ou de minéraux pour compenser.
L'utilisation des filets d'alimentation slow feeder peut grandement contribuer à contrÎler la quantité de nourriture ingérée, tout en maintenant une source de nourriture constante.
Au besoin, on peut ajuster la taille des mailles (ou doubler les filets) pour ralentir la consommation temporairement, sans toutefois compromettre le rythme d'alimentation naturel du cheval et le fonctionnement du systÚme digestif, qui requiert l'ingestion de petites quantités de fourrages, mais plusieurs heures par jour.
Vous éviterez ainsi la prise de poids et l'excÚs d'énergie, sans toutefois créer de stress, ni d'ulcÚres, de coliques ou de problÚmes de comportements (dominance, agressivité) liés au rationnement, à la diminution d'exercice ou aux périodes de jeune entre les repas.
Pour rĂ©duire le gaspillage de foin et le risque d'ingestion de sable (qui peut occasionner des coliques), il est prĂ©fĂ©rable d'utiliser une mangeoire couverte lorsque la tempĂ©rature est changeante ou que le terrain est humide. Ceci facilitera de plus lâentretien des enclos.
Enfin, vers la fin janvier/début février, vous pouvez introduire un peu de graine de lin moulue et/ou huile de caméline dans la ration, afin d'augmenter l'apport en Omega3.
Si votre cheval est sensible aux changements de température, servir un probiotique peut également supporter son systÚme immunitaire pendant les semaines de transition.
6- EntraĂźnement:
Si votre cheval bouge ou sort moins quâĂ lâhabitude, il apprĂ©ciera que vous passiez plus de temps avec lui pour lâoccuper. C'est le moment de miser sur le lien qui vous unit, et de mettre le focus sur la comprĂ©hension, la proprioception (perception du corps dans l'espace) et la qualitĂ© de rĂ©ponse par des exercices isolĂ©s.
Par exemple, vous pouvez faire des étirements statiques pour conserver la souplesse des muscles, ou encore des exercices inspirés du TTouch.
Pourquoi ne pas apprendre des "trucs de cirque" pour engager son esprit, ou encore travailler la prĂ©cision des aides au sol (par exemple les 7 jeux de Parelli), ou le positionnement des mouvements latĂ©raux aux longues rĂȘnes, ou le reculons?
Si vous avez accÚs à un manÚge intérieur, c'est le temps d'en profiter pour jouer en liberté, afin que votre cheval puisse "lùcher son fou"... Ou de travailler le cardio par intervalles, ainsi que les transitions, ce qui vous remettra en forme rapidement tous les deux!
Tout ceci sera trĂšs "payant" lorsque viendra le temps de travailler en extĂ©rieur, dans des espaces plus vastes et des terrains plus sĂ»rs: en effet, votre cheval sera intĂ©ressĂ© par la variĂ©tĂ© du travail, motivĂ© par votre prĂ©sence, et physiquement prĂȘt aux demandes plus exigeantes de la belle saison!

Auto-bridage Transfert de poids Ătirements Transitions en mains
Bon printemps!! âïžđ±
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