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Bien réussir la transition au pâturage




Enfin, les pâtures! Quel bonheur de revoir nos chevaux profiter de l’espace et de la verdure!


Mais attention! La transition à l’herbe peut rapidement transformer le rêve en cauchemar: fourbure, coliques, surpoids, intoxications, parasites… Vous connaissez? Et parfois, les chevaux présentent des comportements indésirables : par exemple, ils peuvent s’exciter, tirer sur la laisse pour brouter, ou encore s’enfuir lorsque c’est le temps de rentrer. Comment éviter ces ennuis?


Ce mois-ci, nous vous proposons certaines précautions qui faciliteront grandement la transition au pâturage, tout en gardant vos chevaux en pleine santé :


1- Gérer le changement d’alimentation

2- Contrôler la quantité d’herbe: "Paddock Paradise", "Strip Grazing", muselières

3- Maximiser le mouvement global

4- Gérer les mauvaises herbes, plantes toxiques et parasites

5- Sécurité des installations

6- Éduquer les bases au sol



1- Changement d'alimentation



Même s’il est vrai que le cheval est conçu pour manger de l’herbe, il est tout aussi vrai qu’un changement subit dans l’alimentation est dangereux pour sa santé et peut causer des coliques. Il convient donc de faire la transition du foin sec à la verdure le plus doucement possible, par petites périodes, en suivant un calendrier progressif.


Aussi, pendant toute la durée de la transition, et même après, il est important de continuer à offrir du foin en quantité illimitée, via les « slow feeder ». Bien que les chevaux aient tendance à « bouder » le foin sec (car beaucoup moins appétant que l’herbe!), cela leur permettra néanmoins de s’occuper et d’éviter les périodes de jeûne, qui sont reconnues pour causer des ulcères, du stress et/ou des coliques. De plus, ils pourront réguler leur apport en fibres naturellement. Enfin, puisque les besoins physiologiques et psychologiques en lien avec la nourriture sont comblés par l’alimentation en continu, les chevaux ont moins tendance à se gaver lors de la mise à l'herbe, ou à s’exciter au moment de la sortie: ils sont généralement plus calmes et risquent moins de se blesser.



En parallèle à la transition alimentaire progressive (en termes de durée), il est important de porter attention à la qualité nutritive de l’herbe ingérée, afin qu’elle soit la moins riche possible : ceci non seulement pour contrôler le poids du cheval, mais aussi pour éviter la fourbure par excès subit de calories et/ou de sucres, ce qui demeure la cause principale de cette condition inflammatoire. (Nous vous conseillons d'ailleurs le livre de Dr. Getty à ce sujet).



Il est important de considérer que les graminées sont à leur potentiel maximal en sucres lorsqu’il y a de la photosynthèse, donc les journées ensoleillées, notamment entre 10h et 19h. Aussi, les températures nocturnes froides (gel au sol) empêchent la plante de libérer ses sucres pendant la nuit, et c’est à ce moment qu’elle devient la plus dangereuse pour la fourbure : c’est d’ailleurs tôt au printemps et à l’automne que sont les périodes les plus critiques.


Par ailleurs, l’herbe jeune et courte sera plus sucrée qu’une herbe plus haute, et tout élément de « stress » (coupe, sécheresse, piétinement, manque de nutriments, etc.) aura un impact sur sa qualité nutritive. En outre, le type d’herbe qui compose le pâturage influence l’apport nutritif global : par exemple, les légumineuses (comme le trèfle) ont une teneur en protéines beaucoup plus élevée que les graminées (comme le mil), mais leur apport en sucres est moindre. Pour en connaître davantage sur la qualité nutritive des plantes et les facteurs qui l'influencent, consultez le site web de Dr. Watts.



Malgré que certains chevaux aient besoin d’un apport protéique ou calorique élevé (par exemple, les poulains en croissance ou les juments poulinières), un pâturage trop riche peut nuire à la santé des autres. Il est donc intéressant de faire analyser la composition, au même titre qu’on effectue l’analyse de foin, pour en connaître la qualité nutritive et ajuster le programme alimentaire en conséquence.


Ceci dit, il peut être difficile de contrôler la qualité de l’herbe et le type de plante qui sera le plus présent d’une année à l’autre, ou même au fil des mois durant la saison: en effet, plusieurs facteurs vont influencer l’évolution du pâturage, notamment le type de sol, l’entretien (ensemencement, engrais, gestion des mauvaises herbes etc.), mais également les conditions climatiques. En plus, chaque cheval a des besoins alimentaires différents et/ou une tolérance aux sucres différente, alors si vous avez des doutes, mieux vaut consulter votre nutritionniste ou votre vétérinaire, afin de valider si la mise au pâturage est appropriée pour votre cheval, dans votre situation. Nous vous conseillons d'ailleurs de visiter les sites internet de Dr. Getty, ansi que Dr. Watts, qui sont très informatifs et peuvent vous guider en cas de besoin.


Il peut aussi être nécessaire de diminuer la moulée pendant la transition à l’herbe (voire même de servir uniquement un supplément de vitamines et minéraux) afin de gérer l’apport calorique/nutritif global.


À titre d’exemple, voici un calendrier qui a fait ses preuves à Espace Équestre pour une mise en pâture réussie : nous n’avons eu ni fourbure, ni coliques et ce, même lors des périodes critiques et malgré qu'une de nos juments soit sensible/résistante à l'insuline!


Jours 1 et 2 : 15 minutes d’herbe, de préférence avant 7h le matin.

Jours 3 et 4 : 15 minutes d’herbe, deux fois par jour (matin et soir).

Jours 5 et 6 : 30 minutes d’herbe, deux fois par jour (matin et soir).

Jour 7 : 1h d’herbe le matin (avant 7h), 30 minutes le soir (après 21h)

Jour 8 : 2h d’herbe le matin (avant 7h), 30 minutes le soir (après 21h)

Jour 9 : 2h d’herbe le matin (avant 7h), 1h le soir (après 21h)

Jour 10 : 3h d’herbe le matin (avant 7h), 1h le soir (après 21h)

Jours 11 à 14 : pâturage ouvert de 21h à 7h le lendemain matin

Après 14 jours : pâturage ouvert 24/7



2- Contrôler la quantité d’herbe



S’il est difficile de contrôler la qualité nutritive d’un pâturage, on peut toujours ajuster la durée de mise à l’herbe, ou la quantité d’herbe disponible au total. En effet, c’est le rapport qualité/quantité d’herbe qui importe, si on veut éviter les problèmes de santé!


Voici donc des solutions pour diminuer la quantité d'herbe disponible, grâce une gestion efficace et/ou des aménagements simples :


Tout d'abord, à Espace Équestre, nous avons choisi d'ouvrir les pâtures très tôt en saison, soit dès que le sol est assez sec et portant pour éviter que les chevaux s’enfoncent. Malgré que les plantes sont encore jeunes et courtes à ce stade (donc plus sucrées), les chevaux ne peuvent en ingérer beaucoup, ce qui apporte un certain équilibre.


Aussi, comme l’herbe pousse très vite au printemps, le fait d’ouvrir les enclos plus tôt empêche les plantes de devenir trop fournies et généreuses pour la quantité d’animaux qui s’en nourrissent : ainsi, les chevaux passent beaucoup plus de temps à mimer l’action de brouter plutôt que de se nourrir vraiment, ce qui les occupe et leur permet de bouger, sans toutefois les « gaver ».


Nous conservons un pâturage séparé, lequel est plus fourni que les autres car nous le

laissons pousser dès l’automne (jusqu’à ce qu’il ait environ 10 à 15 cm de hauteur avant le gel). Cet espace nous permet non seulement de faire les transitions très tôt au printemps, puisque les racines permettent un meilleur drainage et une plus grande portance du sol, mais aussi de répondre aux besoins spéciaux de certains chevaux: par exemple, nous avons un cheval de 25 ans qui est difficile à garder en bonne condition de chair. Nous lui offrons donc des « privilèges » en lui donnant accès à ce pâturage plus fréquemment et plus longtemps que ses copains de troupeau, pour combler ses besoins plus élevés.


De notre expérience, il est plus facile de retirer un cheval du troupeau pour compléter sa ration et augmenter son apport de nourriture, qu’à l’inverse (s’il a besoin de maigrir ou d’être limité d’une quelconque façon).

En effet, en procédant de cette manière, on élimine le problème de stress, de confinement ou la frustration d’un cheval dont les besoins caloriques sont moindres mais, surtout, on évite l’ennemi principal des pâturages pour les autres chevaux : le surpoids.

En plus, le cheval concerné apprécie ce moment de « privilège », c’est donc toute la routine qui devient plus « positive »!


Au niveau des aménagements, il est intéressant (et certainement « payant »!) de convertir les enclos en s’inspirant du concept de Paddock Paradise.


L’idée est simple : privilégier les formes de pâturages linéaires plutôt que les carrés (pour la même superficie), et créer un tracé qui stimule les chevaux : passages dans les zones boisées, différentes textures et reliefs de terrain, différents endroits pour se nourrir et se reposer, etc. On peut utiliser des clôtures temporaires et changer le tracé au besoin, (par exemple, pour conserver l’intégrité du terrain ou permettre à l’herbe de se régénérer), mais la forme la plus populaire consiste à former une « piste » autour d’un champ dont on cultive le centre en foin.


Ce type d’aménagement stimule le mouvement global des chevaux, tout en limitant l’accès à l’herbe et en permettant de garder des espaces en culture. Ce ne sont là que des éléments positifs, tant pour la santé des chevaux que pour le portefeuille du propriétaire! Un investissement qui en vaut définitivement la peine!



Une autre option est de faire du « strip grazing », c’est-à-dire d’ouvrir les pâturages par petites sections à la fois. Il suffit d’installer une clôture temporaire, et de reculer celle-ci de quelques mètres chaque jour. Ainsi, les chevaux ont un apport en herbe limité et progressif. Cette option est intéressante mais, attention! Certains chevaux essaient de manger de l’autre côté de la clôture, et peuvent se blesser ou rester pris…. Assurez-vous de la sécurité des installations.


Enfin, pour certains chevaux, mieux vaut utiliser une muselière.


Nous n’aimons pas beaucoup cette option, mais si ça permet à un cheval d’avoir une vie meilleure, c’est-à-dire de suivre ses copains de troupeau et de vivre dehors plutôt qu’enfermé, aussi de mimer l’action de brouter plutôt que de jeûner, alors ça vaut le coup d’essayer. Il y a plusieurs modèles disponibles, et comme pour toute pièce d’équipement, il y aura une période d’essais/erreurs pour savoir laquelle convient le mieux à un cheval en particulier. Dans tous les cas, si vous retenez cette option ou créez votre propre muselière, assurez-vous que votre cheval ne restera pas « pris » quelque part, et que ça peut céder facilement si jamais c’était le cas.




3- Augmenter le mouvement


Bouger, bouger, et encore bouger!


Nous croyons fermement que l’exercice physique est votre meilleur ami lorsque les chevaux vivent une transition alimentaire. En effet, l’activité permet de dépenser les calories supplémentaires, de garder un transit intestinal optimal et d’augmenter la circulation sanguine, ce qui diminue l’inflammation, entre autres avantages.

En fait, il est intéressant de constater que, lorsque les chevaux en ont la possibilité, ils le font par eux-mêmes…

C’est donc, à notre avis, le meilleur remède de prévention aux coliques et à la fourbure! En plus, c’est agréable! Profitons-en pour monter et travailler le cardio!




4- Mauvaises herbes, plantes toxiques et parasites


Les chevaux vont instinctivement éviter les mauvaises herbes et plantes toxiques, mais il arrive que certains individus peu habitués, ou gourmands, se risquent à y goûter. Ceci arrive également lorsque les chevaux manquent de nourriture ou s’ennuient. Malheureusement, dans certains cas, les plantes toxiques peuvent causer des dommages permanents et même la mort. Par ailleurs, les chevaux vont éviter de manger là où ils ont l’habitude de faire leurs besoins, ce qui limite instinctivement la contamination parasitaire mais, encore une fois, ils vont s’y risquer s’il n’y a pas d’autre option. D'où l'importance de continuer à servir du foin!


Lorsqu’un pâturage est mal entretenu ou surchargé en nombre de chevaux, le résultat et le

suivant : un couvert végétal très inégal, disparate, avec des plantes « boudées » qui sont plus hautes en comparaison à des zones d’herbe complètement dégarnies.

Dans cette situation, les « mauvaises » plantes bénéficient de toute la lumière et elles n’ont pas de compétition pour puiser les nutriments dans le sol. En conséquence, elles se renforcissent et se reproduisent... Plus le temps passe, moins la pâture est appropriée pour répondre aux besoins des chevaux!


Pour éviter ces désagréments, la solution est simple : tondre les zones qui ne sont pas broutées et retirer les plantes toxiques, au fur et à mesure (on peut les retirer manuellement ou en utilisant des produits appropriés- consulter un agronome au besoin).

Enfin, il est important, à notre avis, de nettoyer régulièrement les pâtures en retirant le fumier. Ceci réduit les mouches et diminue le risque de contamination parasitaire entre les chevaux. Un suivi vétérinaire et un programme de vermifuge adapté est également de mise, bien entendu!



5- Sécurité des installations


L’expression « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin », n’est pas étrangère aux chevaux! Il est important de vérifier régulièrement l’intégrité des installations:

Attention aux clôtures brisées, au manque de courant électrique, aux objets tranchants ou aux roches qui peuvent refaire surface au printemps. Sans oublier les trous de marmottes!




6- Éduquer les comportements souhaités


Afin de faciliter la manipulation des chevaux lors de la mise à l’herbe, il est de la responsabilité de chaque propriétaire d’éduquer les bases du comportement voulu.

En général, comment se comporte votre cheval, lorsque vous le guidez en laisse? Est-ce

qu’il a l’habitude de tirer? Comment réagi-t-il lorsqu’on ouvre la porte de son box, ou la barrière d’enclos? Est-ce qu’il traverse sans permission? Lorsqu’il est excité ou anxieux, est-ce qu’il accélère, vous dépasse, bouscule, hennit ou ignore vos commandes? Est-ce que vous avez de la difficulté à l’attraper lorsqu’il est en liberté au pâturage?

Si vous avez répondu "oui" à l'une de ces questions, il y a certainement un travail préparatoire qui peut être fait pour faciliter le quotidien et les mises en liberté, quitte à prendre des cours ou faire entraîner votre cheval professionnellement au sol. Il est important que les bases de confiance et de respect soient bien ancrées, surtout lorsqu'il y a beaucoup d’énergie dans l’air, de l'instabilité ou du changement!


Par précaution, nous utilisons les licous pour les toutes premières mises en pâture de

la saison, si jamais un cheval avait l’idée de s’enfuir. Nous gardons aussi un fouet en mains, au cas où on aurait à éloigner un cheval qui est envahissant ou besoin de le guider tout en restant à l’écart d'un possible coup de patte. Ceci nous paraît important, même si nos chevaux sont « gentils » et « éduqués »: il vaut mieux prévenir que guérir, car personne n'est à l'abri d'un accident!


Nous conseillons également de passer du temps à « rien faire » avec votre cheval, au

pâturage : ainsi, il ne pourra pas associer le fait de vous voir à celui d’aller travailler et de quitter ses congénères. Il sera alors plus facile à attraper, et il appréciera ce temps de qualité passé ensemble, à s’observer et à partager l’espace, comme le ferait un autre copain du troupeau!




En terminant, nous avons appris à nos chevaux le jeu du « berger », pour ramener le troupeau à l’enclos principal facilement. Ceci est pratique dans plusieurs situations, par exemple pour faire le "night check" et s'assurer que tous les chevaux sont en bonne condition avant la nuit. Nous avons d’ailleurs préparé une capsule vidéo afin de vous le démontrer et vous l'expliquer, pour vous permettre de l'apprendre à votre cheval: ce sera pratique, efficace, et amusant! Surveillez notre page Facebook dans les prochaines semaines!

Voilà, nous vous souhaitons un bon début de saison, et beaucoup de beau temps! Amusez-

vous bien avec votre cheval, tout en lui offrant une alimentation et un style de vie adapté à ses besoins! ☀️🌱



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